Le zéro déchet dans l’océan porté par Malaury Morin, cofondatrice de l’association Blutopia
Aujourd’hui, nous avions envie de vous partager un joli parcours, mais surtout de vous inspirer, en interviewant Malaury Morin, cofondatrice de l’association Blutopia.
L’association mise sur l’aspect positif de nos actions individuelles pour préserver l’océan.
Partageant des valeurs similaires et agissant pour les mêmes causes, Lamazuna a rapidement décidé de collaborer avec ce couple amoureux de l’océan et déterminé à le protéger. Oui, car Blutopia, c’est d’abord un duo, végane et zéro déchet, formé par Malaury et Julien !
Découvrez-en plus sur Malaury et son association !
COMMENÇONS PAR UNE QUESTION HABITUELLE :
Qui es-tu et quel est ton parcours ?
Je suis Malaury, cofondatrice de l’association Blutopia. J’ai grandi à La Rochelle et l’océan a toujours été mon terrain de jeu, l’endroit qui me faisait me sentir le plus vivante. C’est à Bordeaux, en classe préparatoire, que j’ai rencontré Julien. Il est né bien plus loin de l’océan, à Dijon. Pourtant, au lycée, il passait tout son temps dans l’eau, à s’entraîner pour ses prochaines compétitions de natation. Il a vite compris que la classe préparatoire n’était pas faite pour lui et, du jour au lendemain, il a décidé de devenir instructeur de plongée.
De mon côté, j’ai continué mon cursus, je suis rentrée à l’ESCP Business School et je me suis progressivement orientée vers l’entrepreneuriat à impact, avec une expérience marquante de presque 2 ans dans l’équipe de makesense. Après avoir plongé en France, en Italie et aux Maldives, on s’est vite aperçus que l’océan était en danger et que la pollution plastique était l’une de ses plus grandes menaces. Il fallait que l’on agisse pour le protéger.
Comment est née l’Association Blutopia ?
Il y a 2 ans, alors que j’étais en échange Erasmus avec LUISS Business School à Rome et que mes journées n’étaient pas très remplies, j’ai décidé de faire des recherches, de me renseigner sur l’impact de mes gestes quotidiens sur la planète, sur les humains, sur tous les êtres vivants. J’avais besoin de comprendre. J’ai lu des dizaines de livres et de rapports, regardé des centaines de vidéos et documentaires. J’ai compris les problèmes liés à la consommation de plastiques à usage unique, à notre alimentation. Je me suis sentie coupable, presque désarmée.
Et puis, j’ai compris que des centaines, voire des milliers de solutions existaient. Alors, du jour au lendemain, avec Julien, on a décidé de changer drastiquement nos habitudes de vie. On s’est engagés dans une démarche zéro déchet et on est devenus végétaliens. Rapidement, on s’est dit que ce n’était pas suffisant. Qu’il fallait faire plus pour protéger l’océan qui nous est si cher. C’est comme ça que Blutopia est née.
S’il est désormais invraisemblable de penser pouvoir récupérer tous les plastiques déjà présents dans l’océan, il est toutefois possible de réduire largement la pollution plastique et les déchets qui y entrent, en agissant à la source du problème, sur terre. Blutopia est là pour aider les citoyen·ne·s à faire les bons choix à travers un média positif qui centralise les vraies solutions pour protéger l’océan.
EN 2019, AVEC LE BLUTOPIA TOUR VOUS AVEZ VISITÉ DE NOMBREUX PAYS D’ASIE DURANT 7 MOIS, POUR RENCONTRER DES ENTREPRENEURS. BIRMANIE, THAÏLANDE, CAMBODGE, VIETNAM, PHILIPPINES, INDONÉSIE ET AUSTRALIE, POUR NE PAS LES CITER…
PEUX-TU NOUS EN DIRE PLUS SUR CE QUI VOUS A FAIT SÉLECTIONNER CES PAYS ?
Le premier grand projet de Blutopia, c’était le Blutopia Tour. 7 mois dans 7 pays parmi les plus touchés par la pollution plastique, à la rencontre d’entrepreneur·e·s et citoyen·ne·s engagé·e·s au sein de 60 initiatives pour un océan plus propre. On a parcouru, dans l’ordre, la Birmanie, la Thaïlande, le Cambodge, le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie et l’Australie, avec plusieurs objectifs :
Se confronter au problème de la pollution plastique dans les pays les plus touchés et pointés du doigt pour mieux le comprendre et l’appréhender ;
découvrir des solutions pour résoudre le problème ainsi que leurs défis pour se développer et avoir plus d’impact ;
créer du contenu pour alimenter notre media en ligne et réaliser un film documentaire positif, dont la sortie officielle est prévue en septembre 2020, pour donner espoir et enclencher le changement.
Quel était votre quotidien pendant ces 7 mois d’aventure ?
Notre quotidien pendant ces 7 mois d’aventure était plutôt rythmé. On se levait tous les jours au lever du soleil, vers 5h30, pour tourner des vidéos et faire des photos afin de pouvoir partager notre aventure à notre communauté. À partir de 8h, soit on rencontrait un·e entrepreneur·e, soit on travaillait sur nos ordinateurs, pour traiter les vidéos et les photos ou préparer les étapes suivantes. À 17h, on partait découvrir un lieu autour de nous et profiter du coucher de soleil. On a toujours gardé un rythme intense, sans prendre de réelles journées de repos, mais on ne regrette rien, car ça nous a permis de découvrir 60 initiatives, plus du double de ce que l’on avait prévu initialement !
De tous les entrepreneurs rencontrés, peux-tu nous présenter 3 projets d’entrepreneurs coup de cœur ?
Si je devais n’en retenir que 3, ce serait Social Impakt, Revolv, qui est maintenant devenu Muuse, et Dai Khmer.
Social Impakt distribue des filtres qui permettent de rendre n’importe quelle eau potable. Un filtre est 5 fois moins cher que faire bouillir l’eau et 30 fois moins cher que les bouteilles. En 5 ans, Social Impakt a permis à 250 000 familles d’accéder à l’eau potable et a évité 92 millions de bouteilles d’eau en plastique.
Muuse est un réseau de contenants réutilisables à emporter. Le principe est simple : vous commandez, vous amenez votre plat chez vous, vous mangez et vous ramenez le contenant dans n’importe quel restaurant du réseau. Une solution efficace aux emballages inutiles. Leur particularité ? L’équipe de Revolv s’adapte aux contraintes des pays dans lesquels la solution est déployée, et tente d’utiliser au maximum les ressources locales pour produire les contenants. À Bali, d’anciennes bouteilles d’alcool en verre sont découpées pour faire des gobelets et des pneus de scooters usagés servent de protection contre la chaleur.
Dai Khmer est une marque de cosmétiques naturels et garantis zéro plastique, créée par Vichka Vantha, mannequin influente au Cambodge. Cette femme inspirante a décidé d’utiliser son influence auprès de la jeunesse khmère afin de sensibiliser le plus grand nombre à une consommation plus responsable. Et elle ne fait aucun compromis. Puisqu’elle ne trouvait pas l’emballage parfait pour ses produits, elle l’a créé : un emballage 100 % compostable, fait de feuilles de bananiers et de papier recyclé.
LE BLUTOPIA TOUR EST TERMINÉ.
Peux-tu nous dire ce que tu retiens de cette aventure hors du commun ?
J’ai appris que l’océan était résilient. Au cours du Blutopia Tour, on a vu des récifs qui avaient été détruits par l’action humaine ou par des catastrophes naturelles, et qui sont aujourd’hui florissants.
En Indonésie, par exemple, on a plongé sur un site de l’île de Nusa Penida qui avait été détruit par le tremblement de terre de 2018. Il avait été fermé au public pendant plusieurs mois et, au moment de notre venue, la vie y était revenue. Les coraux étaient magnifiques, en parfaite santé. Si nous appliquons dès maintenant les solutions pour réduire la pollution plastique, l’océan arrivera à s’en remettre. Il faut garder espoir et ne surtout pas baisser les bras.
Quels sont les moments qui vous ont le plus marqués ?
Après presque 3 mois intenses, on avait pris la décision de s’isoler 4 jours sur une île sauvage du Cambodge pour couper avec le travail et se reposer au soleil. On s’est retrouvés sur l’île de Koh Ta Kiev, face à une plage jonchée de déchets. Notre auberge déposait ses déchets entre la forêt et la plage avant de les brûler. Une pancarte indiquait “plastic-free beach in progress”. On a rapidement compris qu’il n’y avait aucun progrès en cours. Entre le moment où les déchets étaient déposés et où ils étaient brûlés, ils pouvaient s’envoler vers la forêt ou vers l’océan. On a décidé de ramasser les déchets, même si l’on savait qu’ils finiraient au même endroit quelques jours plus tard. On ne pouvait pas rester sans rien faire.
C’était sans doute le moment le plus difficile du Blutopia Tour. On a pris conscience de l’ampleur du problème. On avait l’impression de n’être qu’une goutte dans l’océan. Et puis, on s’est rappelé pourquoi on avait créé Blutopia. On s’est rappelé que l’on n’était pas seuls, que de très nombreux·ses entrepreneur·e·s agissaient chaque jour, à nos côtés, pour protéger l’océan. On s’est rappelé les mots justes de Yann-Arthus Bertrand : “Il est trop tard pour être pessimistes”.
Quel a été ton premier réflexe zéro déchet ?
J’ai toujours eu une gourde, que j’apportais partout avec moi. C’est un bon début pour éviter jusqu’à 130 bouteilles d’eau en plastique chaque année. Et lorsque je suis entrée dans une démarche zéro déchet, mon premier réflexe a été de me procurer des sacs à vrac et de toujours les avoir avec moi, dans un tote bag, pour pouvoir refuser tous les sacs à usage unique que l’on me donnait systématiquement.
LE ZÉRO DÉCHET N’A PLUS DE SECRET POUR TOI !
Quels conseils donnerais-tu à nos lecteurs/lectrices pour atteindre leurs objectifs zéro déchet ?
536 kilogrammes de déchets sont produits chaque année par chaque habitant·e en France. Pourtant, une grande partie de ces déchets peut être évitée en adoptant des gestes simples.
Pour commencer, je conseille toujours de regarder sa poubelle, faire le bilan et identifier les déchets que l’on peut éviter facilement. Vous avez beaucoup d’emballages de nourriture ? Essayez d’acheter en vrac si vous habitez à proximité d’une épicerie qui le propose. Vous avez des dizaines de flacons en plastique ? Passez petit à petit au solide dans la salle de bain. Avec Blutopia, on partage chaque semaine un conseil pour protéger l’océan à travers notre newsletter, n’hésitez pas à vous abonner si vous avez besoin d’être guidé·e·s !
Pour nos lecteurs/lectrices toujours, peux-tu raconter rapidement la rencontre Lamazuna x Blutopia !
Lamazuna soutient Blutopia depuis la création de l’association. C’était le tout premier partenaire français du Blutopia Tour : l’équipe nous a fait don de tous les produits d’hygiène dont on avait besoin pour les 7 mois d’aventure et de coffrets à offrir aux contributeur·rice·s de notre campagne de financement participatif.
À notre retour, on a lancé un studio de production. Ce que nous faisons pour notre propre média, nous le proposons désormais aux organisations engagées afin de faire connaître les solutions pour protéger l’océan au plus grand nombre. Concrètement, on crée du contenu audiovisuel et éditorial qui vise à augmenter la visibilité et l’attractivité des organisations qui font le bien. Lamazuna est devenue la première organisation cliente de notre studio de production. Avec l’équipe communication, Julien s’occupe de réaliser des vidéos pour mettre en avant les produits et donner envie à tou·te·s de passer au zéro déchet !
D’après toi, pourquoi était-il important que nos deux entités collaborent ensemble ?
Collaborer avec Lamazuna était une évidence pour nous. On partage les mêmes valeurs, on défend les mêmes causes. Il est crucial que nos entités continuent d’avancer ensemble afin d’augmenter notre impact, d’aller plus loin, de toucher les personnes qui ne sont pas encore sensibilisées aux solutions qui existent pour protéger l’océan. Je suis convaincue que le contenu audiovisuel, et en particulier les vidéos, est un moyen puissant pour faire preuve de transparence, gagner en crédibilité et donner une image positive et attractive à la démarche zéro déchet.
MALAURY, TU CONNAIS BIEN NOS PRODUITS.
Quel est pour toi, ton produit Lamazuna favori ? Et pourquoi ?
J’ai découvert les produits Lamazuna juste avant de partir pour le Blutopia Tour. Dans mon sac à dos, j’en ai emporté quelques-uns : shampoings, brosse à dents, dentifrice, pain de rasage, beurre de cacao. Aujourd’hui, mon produit Lamazuna favori est la brosse à dents. Quand j’ai vu qu’elle était en partie en plastique, j’étais réellement sceptique. Maintenant, je suis complètement convaincue. Le manche est à 70 % végétal et il est fabriqué en France. Les têtes sont échangeables. Et c’est une solution 100 % zéro déchet : une fois usées, on peut renvoyer ses têtes à TerraCycle pour que celles-ci soient valorisées.
Découvrir comment recycler les têtes de brosses à dents Lamazuna ici
ENFIN, NOUS TE PROPOSONS UN SAUT DANS LE FUTUR !
Dans 10 ans, comment l’océan se portera-t-il selon toi ?
Je suis de nature optimiste et j’ai envie de croire en la Blutopia, l’utopie d’un océan sans plastique, en bonne santé. Quand je désespère des nouvelles liées au continent de plastiques, aux zones mortes dans l’océan ou au blanchissement de coraux, je me rappelle à quel point l’océan est résilient.
Sans me réjouir de la situation sanitaire actuelle liée à la pandémie de Covid-19, le confinement a des effets positifs sur la planète que l’on commence déjà à ressentir.
En Italie, l’eau des canaux de Venise s’éclaircit, les poissons reviennent, les dauphins viennent jusque dans les ports.
Cela est la preuve que si l’on change nos comportements aujourd’hui, l’océan pourrait bien être florissant dans 10 ans.